Descente chez Lilly

Bon, c’est pas tout, mais, si le ministre se fait allumer comme une perdrix le jour de l’ouverture, la mère Lilly a encore le droit à un peu d’intérêt chez les journaleux. Faut dire que jusqu’à hier elle était un peu tranquille. Ça flingue sec dans son quartier, mais en dehors de sa gamine, personne ne lui cherche vraiment des noises. La vioque elle est au centre & chacun veut qu’elle penche de son côté. Donc pas touche à la daronne.

Enfin pas touche c’est vite dit parce que là, les képis ont fait une descente chez elle. Et pour une descente s’en ait une. Les juges se sont pas pointés seuls. Y z’ont amené avec eux des bus bleus pleins à craquer, des camionnettes pleines de pousse-boutons & gratte-papiers. Les robes noires ont décidé de faire un tour chez Lilly histoire de se faire une idée sur comment ça vit chez les comptes à plein de zéros. En plus, si y trouvent des choses qui disent que Lilly elle est bien marteau, qu’elle se faisait braquer par Riri & ses petits copains, qu’elle arrosait les chefs de bande ou encore un truc qu’on a caché aux feuilles choux, y seront pas venu pour rien.

En tout cas il paraît qu’y cherchent des petits bouts de papiers. Heureusement qu’y sont venus avec une équipe complète & les remplaçants, parce que faire le ménage chez Lilly avec sa baraque qui fait la nique à celle de Nico, c’est pas du gâteau. À mon avis, s’y sont repartis avant l’apéro c’est que soit y avait rien à trouver, soit y z’ont rien trouvé parce qu’y savait pas où chercher.

Dans l’histoire, si y ‘en a une qu’est pas jouasse c’est bien la vieille Betenlond. Elle était chez des potes quand on lui a filé un coup de bigo pour la prévenir que les poulagas avaient fait un tour dans sa piaule. D’un côté elle était à l’aise comme elle pionçait pas sur place & qu’elle s’était cassée ; d’un autre côté elle a pas l’habitude de recevoir du monde sans qu’y soient invités. Et là, faut avouer que côté invitations, ceux-là on les évite.

Le Journal de Demain remet une couche

On va la faire rapide parce que ça recommence. Ce matin les gamins se remettent à gueuler dans la rue & y fait beau, alors j’me casse jouer aux boules avec mon équipe.

— Deux nouvelles lettres ! Deux qui plombent Riri ! Lisez-le dans l’édition d’aujourd’hui !

Y m’font marrer ces presse-papiers. J’lavais oublié celui-là, pourtant y l’est connu. C’est le « Journal De Demain », celui qui sait tout à l’avance. Cette fois-ci y font fort. Le canard y dit qu’on a mis la main sur des papiers comme quoi Riri avait vraiment pistonné Ricky : « Deux autres courriers ont été saisis dans le bureau de Ricky Le Grand .»

Ce coup-ci, les journaleux nous montrent qu’y z’ont le carafon pas très rempli. Comment le ministre y peut savoir c’que Ricky a écrit puisque le papier est toujours dans son bureau ? ‘Tain, je sens que je vais vous foutre un bordel de première dans les jours qui viennent ; j’vais niquer Nico & La Reine d’en face. Y’aura plein de courrier dans ma piaule qui lui disent merci pour m’avoir fait pas trop raquer chez les poulets du pognon & que c’est promis, la prochaine fois qu’y monte sur le ring, je mise sur lui. Je lui filerai, à lui & son équipe, une valise de biftons pour qu’y soit sûr de gagner. Sous l’évier les flics y trouveront la même chose, mais qui enfonce Sego La Reine & sa bande. Tout le monde chez le juge j’vous dis. Pain béni pour les vieilles robes noires à perruques blanches & les marchands d’encre, y vont ramasser de la monnaie comme jamais.

Je sens que j’vais finir par faire mieux que le Journal De Demain. Comme Riri est né le 29 janvier, y l’est Verseau. Alors, j’vais vous faire une compil de c’qui disent dans les canards de gonzesses. Vous pourrez feuilleter le Journal du mois prochain ! Je serai encore plus bas-de-plafond qu’eux. Quoi que, j’sais pas si j’y arriverai parce que c’est leur boulot qu’y z’ont appris & moi je l’apprends, enfin j’essaye.

Riri : revers de la médaille

Comme vous avez vu, chacun son tour y passent à la casserole & y font la une des papiers. Ça tient quelques jours, p’têt une semaine & c’est fini. Faut être honnête au début ça passe, après ça lasse. Alors, le ministre a été laissé peinard pendant maintenant presque un mois & comme les gratte-papiers ont pas grand chose à raconter pour vendre leur encre, y fouillent les tiroirs, & ceux des potes ; y sortent le scandale qu’y peuvent. Cette fois-ci c’est Riri qu’a demandé à Nico de filer une médaille à Ricky le Grand. Y z’ont le papier ! Ricky c’est celui qui s’occupe du pognon de la vieille, c’est avec lui que la femme à Riri bossait y’a pas longtemps, & puis Clara aussi elle bossait dans le pognon de la vioque avec Ricky, & elle aussi elle a pris la lourde. Fait pas bon bosser avec Ricky cet été.

Comme Ricky a eu la grosse médaille de France, c’est sûr que ça sent pas bon. Le p’tit problème c’est que les gars y savent pas comment on les donne les médailles. Y savent écrire, mais pas lire ; y’a qu’à voir le nombre de fautes qu’y font. Même moi qui suis pas bon là-dedans... bin y me mettent velu les journaleux.

Revenons-en à la médaille. T’as une catégorie spéciale, c’est le sportif ; ceux qu’ont chopé un pendentif doré lors des jeuz’o y z’ont d’office la version française du tour du cou. Sinon y’a que les chefs qui choisissent ceux qu’ont le droit ; en gros y’a le patron Nico & son équipe, point barre. Comme y connaissent pas tout le monde on leur donne des tuyaux & y choisissent. Et tout le monde peut pistonner un collègue. Si tu veux que Joe en gagne une, c’est simple, t’appelles ton réseau & tu leur fais signer un papier comme quoi y sont d’accord que ton pote y faut lui en filer une. T’envoies le papier au préfet du coin & t’attends. Y vont voir de qui tu causes & s’y vaut vraiment le coup de recevoir un ruban. Si c’est oui, bin il recevra un papier, y faudra qu’il raque pour un paquet de truc, les formulaires, le bout de tissu, la rondelle brillante, le costard & la chemise propre ; & puis il faudra qu’y fasse un fête & qu’y trouve quelqu’un pour lui filer la médaille & le diplôme.

Bref, sauf les sportifs & certains barbouzes, tous ceux qu’ont la dorure & le ruban y se sont fait pistonner, tous. T’as pas le droit de demander, faut qu’un autre le fasse. Alors je vois pas le problème qu’un ministre ait trouvé qu’un gars soit bien & demande qu’il y ait droit. De toute façon, le pauvre Ricky le Grand, il a fait ses études dans des endroits où les gars de la haute apprennent à se faire des potes quoi qu’il arrive. Même si Joe le Baron flingue René Gros Bras, qu’était ton chef, t’as suffisamment de frangins de l’autre côté pour pas y passer toi aussi.

Résumons : Riri y l’a dit à un patron que ce serait bien qu’on fourgue un bout de tissu rouge à Ricky, un an après on dit que pour Ricky c’est good. Faudrait que les canards y nous sortent la liste des pistons qu’y a pour cette foutue rondelle, y aurait plus que les sportifs qui seraient pas des enfoirés de pistonnés. Y se ferait tous virer & ça serait chouette d’avoir de nouvelles tronches à la télé, non ?

Pousse-Bouton chope un carton rouge

Tout le monde veut faire la Une une fois dans sa vie, ou alors tu ouvres ton sac pour faire bien auprès des copains et montrer que t’es dans le secret des chefs. On a déjà eu Bébé, le maître d’hôtel à Lilly, qu’avait mis de côté ce qui se disait dans le bureau fermé de sa patronne, y a aussi Clara qu’a balancé des histoires d’enveloppes et de valises de biftons qu’elle allait chercher quelques jours avant que des chefs de bandes viennent taper le carton chez la vioque. Ce coup-ci c’est des papiers de chez le notaire qui pointent leur nez.

Bin ouais, c’est pas toujours propre chez les notaires parce qu’y en a qu’ont des papiers qui traînent et faut pas que les autre sachent ce qui a écrit dessus. C’est plus du tout drôle le lendemain qu’on t’as foutu en caisse sous le gazon. Y’a plus de surprise.

C’est plus du genre :
— Madame, Monsieur vous avez été conviés ce jour pour régler la succession de feu Madame Lilly...

On aura plutôt :
— Madame, vous avez été conviés ce jour pour...
— La ferme le rond de cuir ! Passe-moi les clefs de l’appart, le chéquier et les meubles ! J’ai pas que ça à foutre. Et puis c’est où que j’signe ? Alors tu te magnes ou j’appelle les flics.
— S’il vous plaît, je dois vous lire ses dernières volontés, c’est la loi.
— On s’en cogne de tes histoires, ton discours tu te le carres où j’pense puisqu’on l’a déjà lu dans le journal d’hier. Alors il est où ton papier que je griffonne dessus et que je me casse.

Je sais pas si vous avez vu mais le notaire y dit plus « Madame, Monsieur », y dit « Madame ». C’est tout. Y’en a plus de Monsieur. La gamine elle est toute seule dans la course et sûre de récupérer le gros lot. Ça change un peu la donne, non ? Ouaip ! Z’avez compris. Francis a été sorti du terrain. Et pas par n’importe qui, pas par un juge où un thérapeute. Non ! Par l’arbitre en chef, Bas-de-Laine elle-même. La Lilly elle a viré Francis de l’équipe pour l’après-match parce qu’y jouait un peu trop perso.

Vous savez ce qui nous attend maintenant ? C’est que Francis attaque Francine parce qu’elle aurait profité de la faiblesse de la tête à Lilly pour que la daronne le raye sur le papier. C’est pas dit qu’y fasse ça, mais y jouent un peu avec leurs règles la bande à Betenlong et on est pas prêt de connaître la fin.

Règlement de compte chez les bouchers

Vous vous rappelez, Francine elle a demandé à un toubib de vérifier si sa daronne était pas gâteuse ? Et y en a un autre qu’a dit que tout roule dans la cabasse à Lilly. Bin ça a fait du bruit chez les blouses blanches. Pour une fois ça va pas être les globules du client qui vont gicler, ça sera les leurs.

Quand les avocats sont pas d’accord, c’est pour ça qu’y sont là, y vont gonfler leurs meutes de toubibs. Celui qui bosse pour la gamine, il a dit que la vioque elle avait les neurones qui commençaient à manquer & que plus y en a en moins, moins elle sait ce qu’elle file en plus à Pousse Bouton. Comme les robes noires se tirent dessus à boulets rouges, les blouses blanches font pareil. Imagine une baston entre des gars que tu payes pour te soigner & y en a un qui dit que t’es malade & l’autre que tout roule. Tu les prends ou tu les prends pas tes médocs ? C’est pareil pour Bas-de-Laine sauf que c’est pas elle qu’a demandé à savoir si elle est patraque, c’est sa petite. C’est un peu le contraire de d’habitude quand ce sont les vioques qui font soigner leurs petits, mais quand on est pété de tunes on change souvent les règles, histoire de s’amuser un peu.

Maintenant faut savoir que les blouses blanches y z’ont leurs juges à eux. C’est là que ça devient drôle & que les pros d’Auteuil c’est des p’tits bras par rapport à l’équipe qu’on a maintenant. On se retrouve au départ du grand prix de boulevard Haussmann avec une sacré écurie de robes noires, toques blanches. Le grand-prix d'Hippocrate est lancé pour savoir lequel est le meilleur, & comme toujours, celui qui fait pas bonne allure y sort du terrain. Là, on a un petit soucis sur ce genre de steeple, c’est qu’y a pas trop de bosses ou de rivières à passer. Si tu veux savoir si ton gars doit aller en tôle à la Salepétrière tu peux toujours lui en prendre un bout, regarder à la loupe, mettre des gouttes dessus pour voir quelle couleur ça prend ou filer ça à un rat blanc & attendre de savoir s’y claque ou s’il a toujours la pêche. Avec ce genre de choses t’as une bonne idée de combien d’années y va prendre. Ici t’as pas ça, tu causes avec lui & tu comptes les conneries qu’y dit. S’y en a quelques-unes il est normal, s’y en a trop y l’est pas bien, si y’en a pas c’est grave mais tu fermes ta gueule parce qu’y saura prouver que tu te goures. T’y connais rien.

Comme la Lilly elle est passée dans le poste sans faire de boulettes, ça va pas être facile de juger l’arrivée & comme y peuvent pas départager sur photo tout le monde va récupérer sa mise. Ça aura fait du bruit. L’arbitre qui doit dire si Francine a eu raison de sortir les flingues est pas plus avancé & y va dire « zéro partout, balle au centre ». Y’a plus qu’à attendre le coup sifflet final.