Le réveil 20/06/10
J'étais pas au lit depuis deux plombes que v'la't'y pas que le vendeur de canards se met à gueuler dans la rue :
— L'Auréole ! L'Auréole ! Lilly à la une ! L'affaire Lilly à la une ! Un ministre est dans le coup !
Manquait plus que ça, un ministre. Et pourquoi pas le pape, pendant qu'ils y sont les journaleux. Z'ont pas grand-chose d'autre à se mettre sous les crocs les pisseurs d'encre. Faut avouer que la Madame Lilly, elle a pas de beaux jours devant elle. Ils arrêtent pas de lui tirer dessus depuis quelque temps.
Histoire que vous ayez une petite idée de quoi on va jaspiner, j'vais vous affranchir rapidement de qui qu'on cause.



Gégène dit le chimiste 22/06/10

J'vais passer un peu de temps sur lui parce qu'il est plus là & que c'est lui qu'est au départ de tout.
Gégène était le gamin d'un fabricant de bricheton qui pratiquait dans le quartier du cherche-midi. J'parle de lui à l'ancien temps vu qu'y s'est chopé la carline y a tellement de lustres qu'on pourrait éclairer Vaugirard sans soucis. Il a vécu dans cette époque ou Marthe faisait des dégâts & les grues, de la débutante à la cendrée, se retrouvaient à la rue. Pour closes, les baraques elles étaient closes.
Avec tout ce monde dehors, les épouses miraient maintenant les marmottes dont on leur avait tant causé. La vérité leur sauta à la tronche. Y-avait de la concurrence & de la sérieuse ; de la domestique & de l'import, tous les goûts dans la pâture. Y fallait maintenant qu'elles revoient leur vernis.
C'est vrai que la Josette elle avait du pain sur la planche si elle voulait que son Robert y regarde pas par la fenêtre. C'est pas qu'un bon rognon au Madère qui va calmer les envies de galipettes du chéri. Et puis, le gars il a envie de nouveauté de temps en temps. C'est « l'habitude qu'est l'origine de lassitude » comme y disent dans les immeubles à moulures.
Gégène qu'avait débuté dans la production de poudres & liquides se dit qu'on pourrait se faire du beurre avec ce paquet de bergères. Y se monta une affaire, L'Auréole, & bossa comme un âne sur cette idée en attaquant le problème par le haut.
Ça faisait un baille qu'y avait du monde dans la sape & y se dit que se refaire la façade serait aussi utile. Y balança sur le marché un lot de rouillardes qui te refaisait le feuillage dans tous les sens. Aplati, en tire-bouchon, de la couleur que tu veux, tu sortais la tête du bidet & t'avais les tifs comme la voisine d'en face ou la pro du bout d'la rue. Y-a pas à dire, avoir de l'Auréole sur la tronche, ça change.
Après s'être fait du beurre avec le crin, le Gégène se remit à la paillasse & sortit de la came pour le reste. Et quand j'vous dis le reste, c'est vraiment tout le reste. De la tronche aux arpions, y'avait tout & n'importe quoi pour n'importe où. De l'apprêt pour lisser la tronche, de la peinture pour avoir les billes de la même couleur que le porte-appas, de la teinture pour être unie des poils du gousset à la moniche... tout, tout, tout.
Ce qui était bien pour lui c'est que sa production marchait avec tout le cheptel. Les daronnes reprennent de la jeunesse, les boutures se disent fleurs, les pros se font passer pour des débutantes en chasse d'un décapsuleur & les hirondelles se présentent comme expertes dans le maniement du goupillon.
En bref, les Jules cocufiaient dans leur paddock avec leur gonzesse ! C'est sûr que les macs ont pas aimé ça. Y-avait tellement de viande sur le marché qu'ils ont dû casser les prix pour tenir le choc.
Bien installé sur le visible & les confrères courant comme des branques derrière lui, Gégène continua son bisenesse. Y se lança sur le tarin avec des poudres qui empêchent de sentir le lapin ou le poisson. Une fois qu'on dégage plus du fétide, on veut donner dans la rose. Pas raté, le Gégène se mit à en vendre. Après toutes les couleurs, toutes les odeurs. L'Auréole ramenait tellement de billes que Gégène faisait ses courses en reprenant les concurrents dans son écurie.
Avec tout ça Gégène a encaissé un paquet de biftons & c'est ce tas de bijoux qu'est la cause de ce qui suit.


Lilly dite Lilly Bas-de-Laine 23/06/10

Tout est dans le titre. Lilly c'est la gamine à Gégène. Elle s'est entifflée avec feu Betenlond, dit Dédé, le gars à qui le daron avait refilé le guidon. Quand le vioque a eu son compte, elle a récupéré le tas de grisbi & l'affaire était entendue ; elle était calée de chez calée.
Faut avouer qu'y a quelque temps, la daronne a fait un joli coup : elle a fourgué une portion de la boîte de son dabe en échange d'un morceau de chez les pros de la mamelle. Et quand je dis les pros, les gars y sont tellement fortiches sur leur territoire qu'y a pas grand monde qui ose venir les chatouiller. Vous me direz que c'est pas compliqué de faire du beurre avec du lait, mais eux, y font pas du beurre, y se font du beurre !
À l'origine c'était une bicoque qui marchait bien, y a bientôt cent cinquante piges. Le gars Henri était le potard du coin à côté de Genève & il avait inventé la poudre de mamelle. Il a pris sa retraite & fourgué sa boîte pour un bon paquet. Les trois pères qu'on reprit la boutique ont poussé le bouchon plus loin & y sont passés du stade bricolage au niveau compétition internationale.
Tu leur files quelques litres de jus de pis & y vont te sortir une poudre de première. C'est d'ailleurs ça qu'a fait leur fortune, de la blanche pure de chez pure. Avec toutes les patates qu'y-z-ont récoltées y se sont installés dans les quartiers voisins & se font tellement de tuiles que c'est plus de la toiture chez eux, c'est du bunker. Avec ce qu'y z'ont ramassé avec la poudre y se sont mis à racheter & inventer pleins de trucs. Y savent te vendre de quoi boire ou bouffer sous toutes les formes qui existent, poudre, liquide, pâteux, solide, chaud, froid. Là où y sont vraiment forts c'est qu'avec leurs paquets y savent tout te faire ; y'z'en vendent qui te font maigrir & y'en a d'autres qui te font grossir. Tu te payes des gâteries qui te font acheter des ceintures plus longues & quand t'en as marre de filer ta fortune à la boutique de nippes d'en bas & que tu veux que les gars se retournent, y te vendent de quoi te remplir le bide avec du moins bons. C'est pas du vide, mais c'est tout comme.
La Lilly elle est pas bête, c'est maintenant la mieux placée sur ce qui refait les girondes du dehors & du dedans. Elle sait fournir aux dulcinées de quoi se foutre du sucre sur la gaufre, avoir le cuir tendu comme une jeunette & se remplir le bedon sans stocker autant de saindoux qu'une truie bonne pour la casserole.
Faut avouer que côté ronds elle a ce qu'y faut pour se chauffer été comme hiver. Elle en a tellement qu'elle a de la main-d'œuvre qui passe son temps à faire & refaire les additions pour s'assurer qu'y manque pas une bille. Enfin, question bille... c'est dans la catégorie bowling qu'elle joue la Lilly.


Francine la gamine 24/06/10

C'est la fifille à Dédé & Lilly Betenlond, c'est elle qu'a ouvert le feu. Faut dire que de nos jours c'est plus aussi facile de toucher le pactole. Les antiquités durent très, très longtemps. Avec les bonbons que nous fourguent les sondes, un vioc qu'a pas trop tiré sur le raisin, le trèfle ou la carne, y va te faire un de ces jackpots sur les années... que tu rêves d'en faire autant à Vincennes.
Tel que c'est parti, la fifille va récupérer le romagnol le jour où ses chiards fêteront l'arrivée de poussins chez leurs nains. Attendre d'être arrière-grande-doche pour plus avoir besoin de compter les zéros sur les chèques, c'est pas « top cool » comme y disent les mômes.


Riri dit le Flouze Brother 25/06/10

Riri c'est un gars qu'a avancé sans faire trop de boucan. Je dis « trop » parce qu'à côté de ses collègues c'est un p'tit bras. Il a passé la moitié de son temps chez les privés & l'autre chez les lents.
Quand il était avec la bande d'agents privés, son truc c'était de vérifier si les boss claquaient le fric comme il faut. Par contre, il s'est fait remonter les bretelles quand il a bossé dans les bureaux dans le Nord. Là-bas y faisait péter la carte comme un gamin qu'a pas appris que les additions ça finit en soustractions. Comme quoi c'est pas parce qu'on apprend aux autres qu'on sait le faire soi-même ; un peu comme les entraîneurs d'équipe de France.
Entre ses aller-retour privés-public (privé = avancer, public = reculer) la bande à Chichi lui file les cordons de la bourse. Nico pousse Chichi dehors & Riri le Flouze Brother garde sa chaise. En deux mots : c'est un pro de l'oseille, mais celui des autres. Sa femme Flo, elle bosse aussi côté pognon, mais chez Lilly. Elle est pointue pareil quand on cause pépètes.


Francis dit Pousse-Bouton 27/06/10

Francis on l'appelle Pousse-Bouton parce qu'y se dit photographe. Lui pour un artiste, c'est un artiste. Avec son matos dans la main y vous demande une pose & y vous prend par dessus, par dessous, par devant, par derrière, par tous les côtés. Vous récupérez une croûte qui vous fait dire qu'y faudrait pas faire autant la fête avant de poser. Bref, y fait de l'art avec ton groin. L'est pas nul Pousse-Bouton, juste un peu beaucoup très cher.
C'est un vieux pote de Lilly qu'elle connaît depuis qu'il était jeune, quand ça cognait fort dans les rues de Paname. Vous savez, quand les jeunes qu'étaient supposés se casser le train pour avoir des jolis diplômes à mettre sur les murs, y sont descendus de leurs piaules pour gueuler plein de choses & surtout se fritter avec les képis.
Ces gamins c'étaient des chiards de riches qu'avaient qu'une idée : écouter du bruit en fumant des tiges qui sentaient pas du tout la Gitane. Aller à l'école quand ce que t'as vraiment envie c'est tirer un coup, ça le fait pas. Alors ils se sont mis à hurler, c'est vrai qu'ça fait du bien de gueuler de temps en temps, ça soulage & une fois qu'on l'a fait on cherche plus à cogner. Mais eux y gueulaient contre les chefs ; en vrai y râlaient après leurs vieux, tous les vieux.
Y faisaient la révolution qu'y disaient. Pour que les riches gagnent plus un radis & que les pauvres non plus. Personne encaisse quoi que ce soit, on échange ce qu'on a avec ce qui manque. Bref, y voulaient revenir avant Jésus, le progrès de leur rêve c'était de faire comme autrefois. Le progrès à reculons. Le truc qu'y z'avaient pas compris c'est que une révolution ça veut dire faire un tour complet & ça a pas manqué, quand ils ont fini la révolution on était revenus sur la case départ. Le gros souci qu'on a avec eux c'est qu'en prenant de la bouteille ils ont aussi pris des galons & que maintenant c'est des gars comme ça qui décident pour nous de plein de trucs. Maintenant faut avouer qu'on vote pour eux. S'y sont cons, on vaut pas plus.
Bref, Pousse-Bouton c'était un vieux camarade à Lilly & son mac, y connait plein de gens qui passent tout le temps dans les feuilles de chou pour vendre leur dernier navet.


Ricky Le Grand dit le Payot 27/06/10

Ricky fait partie de ces proches du pouvoir qui font bien leur boulot sans faire de bruit. Lui son bouleau c'est d'être le chef de la bande des engraisseurs de pognon pour Lilly. La Lilly, si elle a des gros morceaux de l'Auréole & Neslait elle a quand même besoin de gens qui s'occupent de ça & de ce qui en retombe. Quand tu palpes quelques centaines de patates tous les ans, t'as pas assez de temps pour tout claquer dans l'année. T'as pas non plus assez de temps pour tout compter, alors tu te payes une équipe.
Leur truc c'est de faire en sorte que Lilly conserve le plus son fric pour que ce soit elle qui décide de ce qu'on en fait ; pas Nico & sa bande. C'est pas qu'elle trouve Nico nul, c'est juste qu'elle veut pas que ce soit pas elle. Un exemple : not' gars Nico il a toute une équipe qui se charge de faire tourner l'univers de la croix verte, de la livreuse de gueulards au boucher. Et y en a du peuple dans ce monde là tu sais ; si t'as dix gamins qui bossent t'en auras :

  • Un qui sera payé pour remettre en état ceux que t'auras abîmés ;

  • Deux qui seront dans les bureaux de la nation à s'entraîner pour les concours de mots croisés ;

  • Un qu'on paye pour qu'y trouve du turbin ;

  • Les autres qui s'activent pour que tout le monde ait de l'artiche.


En résumé t'as six gars qui ramènent contre deux qui sont payés pour dépenser. Et ce qui te reste à l'arrivée sert à raquer les vieux, les jeunes, les pas en forme & les glandeurs qu'y soient chez eux ou dans les bureaux du chef. Madame Lilly elle aime pas trop ça, faut dire qu'elle vient du privé & faut pas que les autres foutent leur nez dans ses affaires. C'est pour ça qu'elle a créé un gang avec son mec Dédé, elle leur a filé plus de cinq cents patates, & des nouvelles hein, pas des d'avant le Général. Les gonzes y sont chargés de trouver une bonne maladie qui traîne & ensuite de trouver les pilules qui réparent ; genre le coup de pied au cul qui soigne la flemme. C'est bien comme truc, mais ça plaît pas à tout le monde, ça fait des jaloux.
C'est pour tout ça que Ricky y s'occupe des boîtes de la vieille, celles qui sont les siennes à elle toute seule. Francine la gamine a aussi des billes, mais elle a le droit que de fermer sa gueule. Une des boîtes s'appelle Célymène, c'est le nom qu'avait choisi Dédé en souvenir de la nuit de noces qu'y s'était payé avec Lilly. Y a même le copain Martial qu'en a fait une goualante quelques années plus tard.


Les seconds couteaux 28/06/10

Je vous ai causé de ceux qui font le plus de boucan ces derniers jours, mais je voudrais dire un ou deux trucs sur les autres parce qu'ils vont peut-être revenir à la charge. On le fait vite parce que je veux pas claquer trop de temps là-dessus. Comme je connais pas encore la fin, j'ai pas envie de les voir arriver comme un cheveu sur la soupe.
Après les gros flingues on a donc des petits-bras qui sont passés par là. Je dis ça comme ça, au passé, parce qu'y sont tous virés de chez Lilly au moment où je vous cause. Dans l'équipe à Lilly, Francis, le Pousse-Bouton, a fait un gros ménage ces derniers temps. En plus de Clara on verra :

  • Bébé, le valet de Lilly qu'a filé pas mal de choses aux journaleux ;

  • Fany la piqueuse de Lilly, elle obéit aux ordres du docteur en chef de Lilly ;

  • Murielle la nettoyeuse ;

  • Joe le pilote.


Ils ont tous un gros défaut, c'est que c'est des gens que tu les connais tellement & y sont chez toi depuis tellement longtems que tu les vois plus ; tu vas lâcher des trucs qu'y fallait pas. Comme y sont comme tout le monde, ils ont les mirettes & les esgourdes qui fonctionnent avec en plus un bulbe pas en panne qui enregistre ce qui faut & surtout ce qui faut pas. Les souvenirs c'est comme les interdits, moins on doit le savoir meilleur c'est & plus ça reste. À mon avis c'est pour ça que Francis les a tous lourdés. Si ça commence à chauffer dans le coin avec des tirs qui viennent de partout, alors tu lâches ceux en qui t'as pas confiance.
Francis y se sert pas mal dans les stocks à Lilly & puis, avec les années qu'ont passées, il aimerait bien devenir le chef, prendre la place de la vieille.


Clara dit la Douloureuse 30/06/10

Clara elle est comme Bébé. Elle est dans la bande à Lilly depuis qu'elle a passé son brevet. Et comme Bébé elle quitte l'équipe juste avant que ça pète. Ch'erais Lilly je garderais toute la bande sous le coude, parce que là, à chaque fois qu'y en a un qui se casse, il ouvre sa gueule & lâche tout & n'importe quoi. Avec tout ce qu'y jettent sur le carreau on va finir par croire que celui qui tient la cuisine de la maison est un nul de compétition, un salisseur de vaisselle comme on en trouve plus. Sauf dans les tortorants amerloques, mais eux y goupinent vite pour faire du chiffre ; ce qui compte c'est pas ce qu'y a dans l'assiette, c'est ce qu'y a dans la caisse.
Bref, Clara prend ses cliques & ses claques avec une poignée de main pleine de biftons de la part de la daronne. Autant Bébé on sait ce qu'y veut faire avec ce qu'il a encaissé, autant Clara on a pas encore une idée. Elle est à mi-temps chez les pandores depuis qu'elle a ouvert son moulin. C'est dur d'aller planter sa tente ailleurs quand on a les condés dans les reins.
Histoire de niquer Bébé sur le nombre de fois où on cause d'elle sur le papier, Clara aboie à tue-tête. Son truc ce sont les grands-livres & elle s'est cassée avec son brouillon. Ce qui fait qu'elle aussi elle a plein de conneries sous le coude. Le truc c'est que ce qu'elle a c'est dans le désordre & ça donne dans le genre : mardi matin Madame Lilly me demande de passer à la pompe à flouze & ramener tout ce qu'elle peut porter, mercredi soir Madame rencontre Riri.
Conclusion du journaleux de base : la vieille a filé un paquet de tunes à Riri. Conclusion d'un perdreau de base, avant de voir le ministre, elle a fait ses provisions ; alors zéro partout balle au centre.
De façon plus sérieuse, pour le gratte-papier qu'est payé à la ligne : la daronne a tiré mes deux années de salaire, avec prime & reuteuteu, & le lendemain elle se prend un canon avec celui qu'a les clefs du coffre de la bande à Nico ; c'est clair, elle arrose. Pour le képi de service ça donne : elle prend du cash, beaucoup, mais pas plus que ce qu'elle empoche toutes les heures & elle a un rancart le lendemain : & alors ? En plus, c'est toutes les semaines qu'elle prend autant de monnaie, j'vois pas ce qu'y a de spécial. Sinon faudrait aligner tous ceux avec qui elle a eu un rencard le lendemain où elle a vidé la cracheuse de bifton du coin de la rue. Si on fait ça, on a tous les bonnets de la capitale qui vont y passer.
Là on a mis la loupe sur ce qui fait la différence entre un gars qu'est payé pour écrire & un autre pour lire. Le premier y cherche ce qui va plaire à la rue, le second ce qu'y va raconté à l'enjuponné. On est mal barré j'vous dis. Entre la prose de Bébé & les chansons de Clara on a le droit à des papelards qui racontent tout & n'importe quoi. Remarquez que c'est ça qu'est bien aujourd'hui, on fait dans la presse mieux qu'à l'écran. T'as un nouvel épisode tous les matins & y remettent les pendules à zéro à tous les coups. Lundi Riri est mal barré avec sa greluche qu'est à la solde de Lilly, mardi Riri s'enfonce avec le pognon que son équipe a rendu à la vieille, mercredi c'est Francine qu'attaque tout le monde, jeudi c'est Clara qui lâche que Riri y touchait aussi du flouze, vendredi c'est Bébé & Clara qui ont les fouilles qui débordent, samedi t'as Pousse Bouton qui se pointe pour gueuler après Francine & dimanche c'est calme, les crayons se taillent, les plumes s'affinent & on a le tiercé qui fait la une. Pour une fois, on cause de chevaux qui avancent & pas de juments qui balancent. Encore que si c'était leur croupion qu'elles balançaient...


Francine sonne la charge 03/07/10

Y a quelques années maintenant, la fifille cherchait à coincer sa daronne pour pouvoir mettre la main sur le paquet avant qu'elle claque (la vieille d’abord de préférence). Avoir des tonnes de fromage sous le nez & pas pouvoir y toucher, ça vous donne faim, même après un bon gueuleton.
Faut avouer que la vioque avait filé un paquet de fraîche à Francis, un copain de feu son canard. Qu'est-ce que je dis un paquet, une brouette, un camion de talbins. Et puis pas que du papier, des toiles, des chandeliers, des soupières... un vrai déménagement pour refaire Chenonceau du sol au plafond.
Alors, vous avez beau être seule sur la liste d'attente, ça vous les hache de savoir que le pote des parents se charge les fouilles & vous, vous poireautez que la vieille elle canne. Pourquoi pas la refiler à l'hospice la greluche ? C'est vrai quoi, elle a plus le tambour qui raisonne, l'ancêtre. Elle fourgue une partie du pactole à un gus qu'est pas de la maison !
Francine va donc voir un bavard pour monter une histoire & coincer la vieille. Le seul truc qu'elle avait oublié la Francine, c'est que, la mémé, elle a toujours la perruque sur les endosses. On la lui fait pas comme ça. Et la gamine, elle, elle s'est vautrée comme une débutante. Ça a causé dans les chaumières & on a dit dans les papiers que plus t'as de pognon moins t'as de potes, mais ça on le savait : qui va dégraisser quelqu'un qu'a les fouilles vides ?
Vous, si vous étiez le porteur de robe, vous auriez dit quoi ? Hein ? Une chieuse vient vous réveiller parce qu'elle trouve que sa matrone sait plus à qui y faut faire des chèques. On demande à rencontrer la malade & là on reste le cul par terre. Elle a toute sa tête la vioque. C'est vrai que maintenant elle a les esgourdes un peu étanches, si tu veux qu'elle capte ta jactance vaux mieux que tu gueules leennteemmmeent. Mais bon, c'est pas parce que les autres savent pas vous causer que vous êtes nulle ! Lilly a donc un ciboulot qui tient encore le pavé & si c'était une conne de compétition, elle l'aurait toujours son tas de joncs ? À octante passées ? En plus elle a une équipe de première pour cornaquer le pécule.
Francine se plante au premier épisode que v'là t'y pas que Pousse Bouton lui rentre-dedans. Il est pas content qu'on raconte qu'il a cherché à arnaquer la vieille. Faut dire que quand tu la connais depuis toujours & qu'on dit que t'aurais profité qu'elle avait le trognon moisi pour te refaire, tu l'as mauvaise. Il attaque la fille qu'attaque sa mère & lui. Ça commence à faire des nœuds & faudra bientôt se la jouer Alexandre pour en sortir.


En plus court 05/07/10

Un papy fait péter la banque avec de la came pour greluches. Sa gamine Lilly se maque avec le général qu'a réussi à prendre le trottoir d'en face puis tout le quartier. Y font une partie de gambettes qui leur fourgue une descendance aux cheveux longs. La matrone veut pas servir d'engrais & sa petite veut manger le blé avant la retraite.
La tocante roule & l'essai de Francine part franchement en eau de boudin. Les journaleux trouvent d'autres chiens écrasés & le quartier se calme.


Un canard rentre dans le poulailler 06/07/10


Le curieux de service va enfin recevoir les gonzesses, le photographe & leurs gars habillés de noir. Avec le pognon qu'ils stockent, ils ont tous pris des pros du laïus, ceux que tu payes pas à la ligne, mais à la lettre ; & ils sont bavards ces blanchisseurs. C'est vrai que quand plus tu causes plus tu touches, t'es pas prêt de la fermer.
On sort des études sur la calebasse de Lilly & personne n'est d'accord, surtout les blouses blanches. Chacun va défendre tant son client que faire de la réclame pour sa boutique. Ça flingue dans tous les sens & on a deux bastons : Francine vs Lilly pour sénilité aggravée & Pousse-Bouton vs Francine pour bourrage de mou.
Ça dure quelques mois & un caneton, un qu'a pas les moyens de payer du papier, se lance dans la danse, histoire de casser la conspiration du silence qui lui est offerte. Faut dire qu'il démarre tout seul, alors les bandes du trottoir de droite ou de gauche ne mouftent pas. On cause de ses amis ou de ses ennemis histoire de montrer qui c'est qu'on est ; par contre, les torchons on s'en sert que pour emballer le poisson.
En parlant de poisson, celui qu'il a dégoté le caneton, il est pas triste. Y a un larbin de chez Lilly qu'a eu l'idée de mettre de côté tout ce qui se disait dans le burlingue. Y est pas allé avec le dos de la cuillère le laquais. Comme la daronne, avec le trésor qu'elle a, se cogne sans cesse des conciliabules avec ses sbires & toute la haute on peut pas dire qu'il refile de la daube. Faut avouer que le caneton a mis la main sur un paquet de trucs. Et des trucs qui devraient pas exister. Quand on a droit à de l'interdit on se bâfre même quand on a plus les crocs.
Pour les gros c'est que c'est calmos sur les trottoirs de Paname. Nico, le grand patron, se fait tirer dessus par tout le monde. La bande de footeux est incinérée parce qu'elle s'est fait braquer par une bande de gamins dans les colonies. Ça commence à lasser. Y savent plus quoi écrire ; les marronniers sont pas encore verts & la tartine se fait rare. Alors y a un gros qui reprend l'affaire, puis un deuxième & ils y passent tous. En plus on arrive à la grand-messe pour savoir si Francine a raison & si Lilly a perdu les boulons. C'est vrai que ça date d'y a un bail, mais faire avancer un truc dans des bureaux c'est comme grimper le Tourmalet quand on est cul-de-jatte.
Personne n'est d'accord avec les décisions du gerbe & on relance la machine pour une deuxième tournée. C'est ça qui est bien avec cette chanson, les délais techniques font que tu as le droit à des coupures entre les épisodes d'une des histoires. On te raconte autre chose, tu perds des bouts... Et y reviennent avec des « rebondissements » qu'y disent.
En attendant le caneton, revenons-y, lâche des trucs. D'abord y a une duchesse qui bosse pour Lilly & dont le galant, Ricky, est ministre, ensuite la Lilly aurait arrosé les bandes pour se couvrir & pioncer peinard. Arroser elle le peut la daronne, avec tout ce qu'elle a dans les fouilles, elle est pas prête de toucher la couture au fond.
L'histoire avance & plus ça va plus y a de monde sur le ring. Y en a tellement qu'on se retrouve avec plusieurs arbitres & plus de matchs que de porteurs de sifflet. Je vais essayer de vous conter ça dans l'ordre, mais faire du rangement avec un tel bordel c’est long, c'est comme faire Vincennes / Saint-Cloud à six heures le soir.
En fait y faudrait que je vous fasse un dessin parce que tout le monde a pompé de l'auber sur le dos de Lilly & y sont tous jaloux de pas avoir eu plus. Entre nous, je crois qu'avec tout ce que lâche le caneton, ils râlent de pas avoir palpé autant que le voisin.
Imagine que l'encre raconte que ton collègue & toi avez touché dix sous. En vrai t'as palpé que cinq, mais y disent que l'autre a ramassé dix, alors t'es jalouse comme une miss Veusoul qui découvre qu'à la capitale les jolies croupes ça court les palaces. C'est le bordel dans la haute.


Le ministre déboule 06/07/10

On en avait causé rapidement avant ; Riri pointe son nez. Le gus était tranquille dans son coin jusque-là. C'est lui qui compte l'oseille pour la bande à Nico et, comme il est pas nul là-dedans, Nico lui demande de faire pareil pour le pays. Tout le pays !
Les deux trucs qu'y récupère c'est : 'tit-un, de flinguer ceux qui trichent, 'tit-deux de réussir à aller plus vite en rentrant de la toile sur la barque. Le premier, c'est qu'y a pas beaucoup qui en pince pour lui quand leur recette c'est de toucher le gros lot sans partager, le deuxième c'est que c'est kif-kif avec ceux dont le boulot est justement de récupérer ce pécule ; ceux-là moins y sont nombreux plus ils ont d'affaires & le turbin c'est pas trop leur chose.
C'est sûr qu'un gars comme Riri, il a les flingues de toutes les bandes dans le dos. Y'a ceux qui veulent sa peau & y'en a qui prient que ce soit lui qui continue de ramasser les gnons. Pendant ce temps-là y peuvent pioncer tranquilles.
La partie de billard à trois bandes commence histoire de relancer les unes des feuilles de chou. Les gars du ministre y font ce que les lois disent de faire : on peut pas te pomper plus que ce que t'encaisses. Alors les flingues de Riri y sont bien obligés de douiller ceux qui se sont trop fait braquer. Et avec Lilly le tas de Napoléons à rembourser il est pas maigre : trente patates ! De quoi faire tricoter quelques milliers de zigotos qui se tournent les pouces. Faut savoir que plus on te file d'artiche plus t'en claques & plus t'en claques plus tu fais trimer. Mais ça personne le dit.
La Lilly se fait donc aligner. Par sa fille parce qu'elle a filé de la fraîche à un pote & par les torchons parce qu'elle en a touché trop ! Faudrait savoir quand même, si on râle quand ça sort & on gueule quand ça rentre y'a plus de raison d'astiquer.
Tout ça c'est gentil, la famille & ses potes sont à couteaux tirés & le Riri pointe son nez. Le problème qu'il a le comptable c'est qu'il connaît pas mal de monde dans l'histoire. Y a quelque temps il a filé des galons à Pousse Bouton.
Avouez que planter du rose sur un gars qui se dit artiste ça fait bizarre. Faut pas oublier que cet or là, le corse de nos grands-pères il l'avait surtout inventé pour ses biffins qu'avaient fait fort dans les bastons. Comme on a plus beaucoup de castagnes ces derniers temps, les politicards en filent à un peu tout & n'importe qui. Le seul truc qu'il a pour lui Pousse Bouton, c'est qu'avec son boulot y mitraille, c'est vrai. Mais à chaque fois qu'il appuie sur la gâchette, y fait des souvenirs.
Si seulement il avait que foutu du rose sur le costard de l'artiste ça irait, mais Riri il a sa gonzesse qui galope à côté de Pousse Bouton qui lui-même bûche pour Lilly. Alors évidemment on écrit que si le photographe a eu le bout de tissu c'est parce que c'est un pote à Riri. Faut pas déconner les journaleux, tout le monde connaît tout le monde & quand tu changes d'écuries toutes les trois ou quatre piges tu finis par avoir été de mèche avec qui tu veux. Rien que moi je parie que je touche Nico avec trois bandes. Faut dire qu'il connaît tellement de monde que celui qui y arrive pas est tellement rare qu'y va être invité chez Nico à la prochaine fêt'nat & c'est foutu pour lui puisqu'il a eu la pogne serrée par le taulier-chef.


Le groom qui joue pile & face 06/07/10

Comme vous avez pu le lire, y a du monde sur scène & les petits rôles y cherchent à causer plus. Voyons un peu Pascal, dit Bébé, le laquais de Lilly. Vous savez, celui qu'a mis de côté tout ce qui se disait chez Lilly.
Des gars comme lui on en a déjà vu, y a un de ses collègues qu'avait fait fort en accouchant de toutes les histoires d'une autre Lilly, la d'Albion. En attendant, Bébé il a refilé au caneton ses notes & dedans y paraît qu'y a de quoi envoyer du monde au ballon. Le souci c'est que c'est un peu brouillon & quand on mélange les brèmes on a n'importe quoi. Les diseuses de bonne aventure ont l'habitude, c'est avec le souk qu'elles peuvent lire ; les plumistes de service y se font à ce nouveau boulot. Sauf que eux c'est le contraire, y sont pas là pour dire l'avenir, on les casque pour causer du passé. Et si l'avenir on peut le corriger, le passé c'est du figé ; la seule chose certaine avec les notes : c'est le bordel.
Bébé, il avait trimé pour Lilly pendant des lustres. Si elle l'avait gardé c'est qu'il était bon, ou en-tout-cas ni mauvais ni nul. Lilly elle était tellement contente de lui qu'elle lui a refilé un pacson en cadeau d’adieu. Elle sait donner la matrone, avec l'équipe qu'elle a pour récolter, elle peut semer à l'œil chez le voisin.
Son idée à Bébé c'était de passer de loufiat à proprio d'une gargote. De plus être le larbin, mais le ponte. C'est vrai que c'est chouette d'avoir un resto. Tu fais les Chateaubriand comme tu les aimes, t'as une cave pleine de pichetegorne de première & pour le coup cette fois-ci ceux qu'en profitent, y raquent. Ça change.
Le seul souci c'est que Bébé il avait l'usage de s'occuper des généraux, pas des brigadiers, & pour que les gros y viennent chez toi y te faut de l'apparat ; que ça soit plaqué jaune dans tous les coins, que les croupes se posent sur du mou & que t'aies du monde à leur botte. Entre celui qui ouvre la porte, celle qui met les visons de côté, celui qui verse pinard, celles qu'amènent les gamelles pleines & celles qui les emballent quand elles sont vides, t'as du peuple à banquer. En plus faut qu'y soient sapés comme des milords qui vont à Garnier un soir de première & que tes filles aient des avantages qui font envie quand elles se baissent pour servir.
Tout ça coûte un max & si la vioque lui a filé un joli trousseau, c'était pas assez pour lui. Alors y se fend de tout ses souvenirs. Avec les heures de causeries qu'il a mises de côté, les gazettes ont de quoi se remplir la une pendant des mois. Et y sont contents les gratte-papiers, ils ont des trucs qu'y a qu'à recopier. Les porteurs de robe se frottent aussi les mains : tous les clients sont coincés & suivant comment on range le paquet, y sont abeilles ou y sont guêpes. Y a du chiffre en perspective.
Le valet se casse donc avec un pactole & balance tout le monde. Il est pépère puisqu'il a bavé tout ce qu'il savait & si ça part dans le fossé il a déjà tout déballé ; les képis ont pas plus à récupérer. Il est quand même pas tranquille comme Baptiste puisqu'y dit plus rien à personne, c'est son blanchisseur qui cause pour lui. Y l'a ouverte & maintenant y la ferme. On sait pas où y s'est carré, en tout cas y s'est enterré loin pour pas avoir de remontée de bretelles par la vioque & sa clique.
Avec son tas de souvenirs, en tout cas, ça fait du bruit dans Landerneau. Les pros du laïus se frottent les mains.


Les p'tites bandes qui encaissent pour les grosses 17/07/10

Avec toutes ces histoires de pognon entre Lilly & la bande à Nico, y en a qui ont levé un joli lièvre. Et c’est drôle que personne n’ait vu ça avant hier.
Le souci c’est que les bandes elles peuvent racketter le voisin, mais pas beaucoup plus qu’un billet de cinq cents par mois. Alors c’est pas beaucoup pour les grosses bandes, parce que si le gars de la rue donne à la quête, y en a pas beaucoup qui peuvent y aller aussi lourd. Et ceux qui veulent filer des plus gros paquets, bin le bouquin dit qu’y peuvent pas. Le problème est donc de trouver un moyen de faire rentrer des billes en dormant pépère.
Ceux qui décident ce qu’on met dans le livre ont eu cette idée pour que les petites bandes elles aient un peu les mêmes chances que les grosses : pas le droit de raquer trop. Comme ça l’épicier qui est plein aux as, s’y veut donner beaucoup à un gros y pourra pas & la petite bande pourra encaisser pareil avec le marchand d’en face qu’a pas les poches aussi pleines.
Pour arriver à ramasser des jolis paquets, les gars ont trouvé une solution toute bête. Chaque bande est limitée, mais elles peuvent se filer des coups de pouce. Je sais pas qui est le premier qu’a mis la main sur le filon, mais soit il est pas bête, soit c’est lui qu’a écrit le bouquin. Bref les chefs de bandes ils ont dit OK à leurs équipes pour qu’elles montent leurs petites affaires. Comme ça le gars de Marseille y peut avoir sa bande & encaisser. Une fois qu’il a le pognon y peut partager avec son patron. Ça donne que l’épicier qui pouvait pas donner beaucoup, d’un seul coup y peut arroser à plusieurs endroits & filer des tonnes de plus. Ça fait des piges qu’y se sont mis à faire ce genre de bidouilles, mais personne ne mouftait. C’est toujours comme ça avec le bouquin, y a ceux qui l’écrivent & ceux qui font attention à ce qu’y a dedans. Le bémol sur ce système, c’est que quand ceux qui grattent le papier ajoutent du texte les visant... y a souvent des trous pour qu’y passent à travers sans trop se mouiller. « On peut pas dire que je triche puisque j’ai fait ce que j’ai dit que je pouvais faire ».
Ce qui est drôle, c’est que c’est avec Lilly & la façon dont elle claque son fric que l’histoire est sortie. Pour ce coup-ci les journaleux y tirent juste, & tellement bien que les chefs de bandes y mouftent pas trop. Quand un boss ferme sa gueule c’est qu’y sent le coup venir & y se fait tout petit pour que ce soit le voisin qui morfle.
Maintenant, entre nous, je parie que ça va se terminer en pet de lapin & on en recausera, peut-être, après la prochaine urne. En tout cas on peut pas dire que Lilly elle fait pas des dommages collatéraux comme y racontent dans le poste.


Clara chez les flics 25/07/10

Plus ça avance, plus c'est drôle, enfin drôle... c'est plutôt le bordel, & un bordel c'est pas là où on pleure. J'ai beau suivre ça avec les gamins qui gueulent dans la rue, je commence à ne plus savoir laquelle de mes chaussettes est la gauche.
Après tout ce que je vous ai dit, z'êtes d'accord que la presse voit pas les choses comme les condés. La presse elle dit sa vérité & ça l'arrange quand ça gène, les poulets, eux, y doivent trouver la vérité, point barre. On a donc deux clochers qui font péter le tocsin en veux-tu en voilà avec deux blèmes :

  • Y sont pas en rythme ;

  • Question accord, c'est pas nickel-chrome.

  • On se croirait dans une cour d'immeuble le soir de la fête de la zique.


Pour faire simple, je vais vous prendre en exemple le laïus de Clara. Dans ce qu'elle a dit, que les feuilles de chou y répètent, y a un gros poisson à propos de Nico. On peut lire que la vioque elle aurait refilé des pacsons de talbins à Nico depuis qu'y contrôlait des trottoirs de l'autre côté des maréchaux. C'est vrai que question boucan ce genre de discours ça en fait ; même ceux qui pioncent à Orly ils ont pas droit à autant. Vous vous rendez compte ? Le capo di tutti capi qu'aurait ramassé des enveloppes depuis qu’il a eu des poussées d’acné. Pourquoi que Lilly lui aurait pas offert un stylo en jonc pour son premier rôt pendant qu'on y est ? En tout cas c'est ce qui est écrit.
Maintenant, on a la version de ce qu'elle jacte devant les pandores & c'est pas vraiment pareil. On obtient :
— J'ai jamais dit que des enveloppes étaient remises régulièrement à Nico.
C'est ce que j'ai lu dans des canards. Vous me direz que c'est encore de l'encre. D'accord, mais là y disent ce qu'y a dans le rapport de flics. Pour le coup, si y veulent qu'on continue à les lire y vaut mieux qu'y déconnent pas. Franchement, un jour y racontent que Clara dit rouge & tout le monde se met à crier que c'est pas bien qu'y sont tous des méchants, des grinches & qu'y faudrait les coffrer. La semaine suivante les mêmes racontent qu'en fait Clara dit vert. Vous vous y retrouvez vous dans ce sac de papiers ? Moi, je commence à perdre les pédales & je me demande si ce que je dis est vrai. Remarquez, si aujourd'hui je me goure, la semaine prochaine on me dira peut-être « Chapeau ! »
Il faut quand même lire mot à mot sa jactance. Elle cause qu'elle n'a jamais dit que Nico passait « régulièrement ». Attention ! Elle raconte pas qu'y venait jamais, ni qu'y venait toujours, mais qu'y venait. Et on retourne au début où elle raconte qu'elle vidait la pompe à flouze deux fois par mois pour que la daronne ait de quoi se payer quelques babioles, & que mémère elle avait souvent les grands chefs à la maison. On est toujours à la case départ & si y a des tas de biftons d'un côté & du monde qu'en aurait besoin de l'autre ; y a pas de tuyaux entre les deux. Le plombier l'est pas encore passé. Ça, ça gêne tout le monde & quand je dis tout le monde c'est tout le monde. Les baveux qu'ont de l'encre en stock qu'y faudrait écouler, les pandores qui veulent montrer qu'ils ont tout compris, les pékins qui voudraient comprendre le début avant de connaître la fin ; & moi qui veux pas passer pour un con en ayant raconté n'importe quoi.


Riri chez les condés 28/07/10

Je vous avais parlé de défilés à la maison poulagat. On a Clara qu'est venu vider son sac & tout le monde va y passer. Puisque cette histoire a pris jour dans le désordre & qu'elle continue à plein régime, je vais vous sortir les morceaux comme ils me viennent. De toute façon si je suis bordélique, là, je suis comme un gamin de huit piges qui voudrait rentrer dans une grande école.
En vrac, on va avoir tout le monde qui passe devant le curieux. Et comme entre le moment où y en a un qui passe son examen, le moment où c'est dans les feuilles de chou & le jour où on a le résultat, y en a au moins un autre qui est passé : on peut rien avoir dans l'ordre. En plus je parie que les scores vont être nuls. Juste un truc pour vous faire baver d'envie & continuer d'apprendre à nager, on a maintenant :

  • Les blouses blanches qui vont se mettre d'accord sur ce qu'y pensent du tas de neurones de la vieille ;

  • Une baston entre Pousse Bouton & la gamine ;

  • Des descentes de perdreaux à peu près partout ;

  • Le flouze qui serait masqué dans le pays de la poudre de lait ;

  • Les attaques sur les fuites dans les papiers ;

  • Les gueulantes de ceux qui sont pas contents de ce que les autres racontent ;

  • ...

Alors je commence par Riri. Il a passé sa journée au poste pour raconter ce qu'y sait. Et y dit ce que je vous avais causé tout à l'heure. C'est pas lui qu'a décidé de rembourser Lilly. Il est pas là pour ça & ses gars, ils ont fait leur turf comme c'est dit dans les bouquins. C'est sûr que ça fait beaucoup, mais si on lui en retourne une liasse c'est qu'elle avait raqué encore plus. Ensuite là où ça le gène un peu plus c'est que sa gonze elle bossait pour Célimène, donc pour Lilly. J'ai dit « bossait » car c'est plus le cas, elle a plaqué la bande à Lilly. C'était y a peut-être que quelques jours, mais elle l'a fait. Donc, on a un ministre, dont l'équipe à renvoyer un gros paquet à la vioque, & sa meuf dont le turf était de faire grossir le pactole. La donzelle est là pour améliorer le tas de grisbi, le mec son truc c'est d'en récupérer un max & y fait le contraire, il en donne. C'est sûr que ça fait bizarre, surtout qu'y paraît que la bande à Lilly a pas tout dit sur l'artiche de la vieille.


Riri remet le couvert 08/08/10

On était tranquille, le mois d'août commençais à sentir la mer & v'là t'y pas que le papier se remet à faire du bruit autour de Flouze Brother. Faut dire que le ministre il est pas vraiment à l'aise avec toutes les boutiques où il a bossé. On l'a déjà aligné avec la famille L'Auréole & là c'est la même chose avec un artiste tôlier de la haute. Quasi même motif, même punition. La différence est que cette fois-ci c'est pas renvoyer du blé à celui à qui on en a trop piqué, c'est s'arranger pour que sa marmaille en paye pas trop dès le départ. C'est plus « j'te pique, j'te rends » c'est « j'te pique pas ». On couvre tous les cas de figure sauf « j'te pique, point barre », mais ça c'est pour Marcel Dupont & tout les autres.
Honnêtement, c'est vrai que pour le péquenaud moyen ça fout les boules de savoir que, si t'es un bourge de compétition & un vrai, un qu'encaisse le RMI de tout l'immeuble en quelques heures, alors les pantoufles de Bercy vont te filer de l'avoine au lieu de pomper sur ta récolte. C'est toujours comme ça avec la façon qu'on a de raconter les histoires. On gonfle tout pour faire rire, pleurer ou trembler ; kif-kif avec le téléphone arabe, tu files un tuyau à un pote & tu retrouves le contraire dans le canard du matin, parce que ça lui fait des jolis plumes.
Exemple : suite au décès d'un ferrailleur y a un paquet de tôles en héritage & ceux à qui on va les fourguer doivent en filer un bout. On fait un premier compte & on trouve 1 200 tonnes de tôles. Ça fait lourd, très lourd & les gamins doivent payer un paquet, une douloureuse de cent patates. Y'en a qui râlent parce qu'y en a un peu beaucoup trop & qu'ce serait sympa de recompter histoire que tout le monde soit d'accord avec le partage. Un juge est mis sur le coup & y suit le mouvement. On recompte & y'en a moins cette fois-ci, genre des restes de bagnoles qui avait cartonné grave & qui ne valent pas grand chose. Ça fait trois cents tonnes en moins. On a donc 27 patates de moins à filer à Riri & sa fiscal team.
Résumons pour le voisin d'en face qui comprend pas trop : Y'avait trois cents bouts de tôle en trop & au prix où qu'ça coûte ça fait 27 briques à oublier. Riri était d'accord avec les gars en robes noires & de toute façon il est pas de corvée sur ce genre de chose.
Les papiers comprime l'histoire en ne gardant que c'qui fait le plus du bruit : Riri fait cadeau de 27 bâtons à un groupe de pétés de tunes.
Voilà, z'avez compris. Y'a différentes façons de lâcher le morceau. Des fois on l'ouvre & on dit pas tout parce que les autres savent de quoi on cause, d'autres fois on raconte pas tout pour pas avoir de problèmes au cas où il y ait un képi dans la salle, ou, enfin, on dit pas tout pour garder des trucs pour plus tard. Maintenant, entre nous, si les marchands de boniments disaient ce qu'on sait déjà on irait pas raquer pour leur prose. C'est quand même bien quand y disent pas tout, histoire d'avoir des épisodes sous le coude. Mais c'est pas parce qu'on dit pas tout qu'on dit n'importe quoi, hein !


Francis et les bons comptes 21/08/10

Je viens de faire un tour dans mes poubelles et, en me promenant dans les papiers, j’ai retrouvé des trucs que j’avais ratés. Des gars de l’Auréole ont mis la main sur Pousse-Bouton & le cash qu’il encaissait régulièrement. Faut reconnaître que le Francis est un gars de la haute qui cause qu’avec les grands, & quand on est grand & de la haute, on est cher. C’est pas pour rien qu’on l’appelle « mon très cher maître ».
Tiens ! Y a quelques quinze ans maintenant il a même fait une exposition à la fondation Chartier. Vous savez, ceux qui vendent des cailloux à des prix défiant toute concurrence ; qu’y disent. C’est normal parce qu’y a pas un concurrent qui réussira à te fourguer du gravier contre un tel wagon de biftons. Eux, si ! Les prix qu’y mettent ces gars là c’est tellement de zéros après le 1 que tu lirais ça dans un polar, tu penserais que l’auteur roule pas ses tiges avec des feuilles de la SEITA & qu’y devrait retourner sur les bancs pour réapprendre à compter. Imagine, leurs machins coûtent tellement que si tu vends ta baraque, ta caisse & que tu mets madame sur le trottoir, t’auras toujours pas assez pour lui acheter une bagouse à ta Simone. En plus, leurs caillasses sont tellement grosses que tu fais sapin de Noël si t’as les moyens de raquer pour une totale oreilles-cou-doigts. Et pas besoin de mettre des piles dedans, c’est tellement brillant que ça clignote tout seul. Y’a qu’à Las Vegas qu’on trouve mieux.
En tout cas, le Francis il a signé des contrats avec l’Auréole pour les aider dans tout ce qui touche à l’effet que ça fait leurs trucs. Il est là pour leur dire si les couleurs sont biens pour le prochain hiver, qu’ils devraient changer de gonzesse sur leur propagande & en choisir une plus maigre ou plus grande ou plus rousse. Bref, on le paye parce que c’est un artiste & un artiste ça a toujours des idées. Quoique pas tous, en tout cas y’en a qu’ont pas plus de neurones que mon ongle & qui se disent artistes.
Donc le Francis il a une boîte,
Hérézy, qui fait devinez quoi ? De la photographie, en tout cas c’est ce qu’y z’ont dit quand y z’ont commencé. Je suis allé faire un tour pour voir leurs comptes... Bin mon vieux, ça va mal chez Francis, sa boîte a tellement perdu d’argent ces dernières années que je sais pas comment y fait pour payer ses larbins. Mais y’a pas à dire, quand t’es de la haute les banques elles te laissent peinard. Je me demande combien de temps y vont le laisser tranquille avec les briques que sa boîte à perdue, d’ailleurs je me demande si un juge va pas aussi mettre son nez là-dedans parce que ça sent pas bon du tout & ils aiment ça les gars en robe noire. Plus ça pue, plus tu en auras. Y sont un peu comme les vautours, plus ça sent la charogne plus y se lèchent les babines.
Pousse-Bouton a donc sa turne qui joue au parachute en ayant oublié la toile, mais c’est pas tout. Il encaisse aussi en direct de l’Auréole. Comme ça si le banquier vient lui demander que
Hérézy rembourse la brique & demi qu’elle lui doit, y ferme la boutique & y continue d’encaisser en direct. Avoir un contrat avec sa boîte c’est bien, mais en avoir un direct in ze pocket c’est pas nul non plus. Il est bon en addition le gars Francis, y a pas à dire.


Francis dans le viseur 22/08/10

Ça a pas manqué, quand y a du fric à la une ça attise les engueulades & là, la brique que Francis ramasse tous les ans avec l’Auréole, ça réveille certains. Faut dire que les gars qui sont payés pour être sûrs que leurs potes touchent ce qu’on leur doit, un bijou comme ça ils vont pas le laisser passer. Sa boîte touche quatre cents kilos tous les ans. Et alors ? Elle est en faillite sa turne.
Revenons-en aux gus qui encaissent pour que les autres en fassent autant. Y sont des pros de la discussion à battons rompus, surtout quand y descendent dans la rue. Leur grand truc, ces dernier temps, c’est plus que les copains gagnent plus en trimant autant qu’avant, c’est qu’y touchent autant en en foutant moins. Comme tout va pas bien dans le taff y se sont dits que plutôt que d’essayer de récupérer plus d’oseille, ce que les boîtes savent plus faire, on va faire le contraire. Puisque j’arrive plus à avoir plus pour autant de boulot, bin je vais m’arranger pour que tu bosses moins pour pareil. En fait t’encaisses autant mais je t’ai fait gagné des jours de vacances. Comme t’as autant de biftons dans le larfeuille & que t’as beaucoup plus de temps pour le claquer, t’es dans la mouise.
Au lieu de passer une heure le soir au troquet avec les potes, t’y es maintenant deux heures, & le patron, avant qu’y baisse le rideau, y te demande la même note ? Bin non, t’es resté deux fois plus de temps alors t’as picolé deux fois plus, donc t’as claqué deux fois plus. Ta fin de mois tu commences à l’appeler fin de semaine & c’est beaucoup moins drôle.
Alors les défenseurs du pauvre travailleur y se sont mis à attaquer l’Auréole en disant des trucs, mais alors... si les cons se taisaient les journaux feraient faillites. Le record de France a été battu d’une large tête par Caryon le délégué chef chez l’Auréole. Je dis large pour sa tête parce que vous allez voir que côté profondeur c’est pas ça, si on la remplissait de flotte, je suis sûr qu’on pourrait pas y noyer une souris. Le Caryon y dit « puisque Francis est de fait un salarié de l’Auréole, l'affaire devient une affaire l’Auréole », bin oui, pour lui si tu bosses pour Machin tu bosses chez Machin. Si seulement c’était vrai. Tiens, avec tout ce que je bosse pour les impôts, je devrais être un fonctionnaire, non ?
Ce qui est chouette avec Lilly & ses potes c’est que plus ça va plus on a de monde embarqué dans l’histoire & franchement on commence à avoir n’importe qui. Mais c’est pas fini & demain, un nouvel épisode de la saga Lilly va certainement se ramener avec de nouveaux acteurs.


Règlement de compte chez les bouchers 28/08/10

Vous vous rappelez, Francine elle a demandé à un toubib de vérifier si sa daronne était pas gâteuse ? Et y en a un autre qu’a dit que tout roule dans la cabasse à Lilly. Bin ça a fait du bruit chez les blouses blanches. Pour une fois ça va pas être les globules du client qui vont gicler, ça sera les leurs.
Quand les avocats sont pas d’accord, c’est pour ça qu’y sont là, y vont gonfler leurs meutes de toubibs. Celui qui bosse pour la gamine, il a dit que la vioque elle avait les neurones qui commençaient à manquer & que plus y en a en moins, moins elle sait ce qu’elle file en plus à Pousse Bouton. Comme les robes noires se tirent dessus à boulets rouges, les blouses blanches font pareil. Imagine une baston entre des gars que tu payes pour te soigner & y en a un qui dit que t’es malade & l’autre que tout roule. Tu les prends ou tu les prends pas tes médocs ? C’est pareil pour Bas-de-Laine sauf que c’est pas elle qu’a demandé à savoir si elle est patraque, c’est sa petite. C’est un peu le contraire de d’habitude quand ce sont les vioques qui font soigner leurs petits, mais quand on est pété de tunes on change souvent les règles, histoire de s’amuser un peu.
Maintenant faut savoir que les blouses blanches y z’ont leurs juges à eux. C’est là que ça devient drôle & que les pros d’Auteuil c’est des p’tits bras par rapport à l’équipe qu’on a maintenant. On se retrouve au départ du grand prix de
boulevard Haussmann avec une sacré écurie de robes noires, toques blanches. Le grand-prix d'Hippocrate est lancé pour savoir lequel est le meilleur, & comme toujours, celui qui fait pas bonne allure y sort du terrain. Là, on a un petit soucis sur ce genre de steeple, c’est qu’y a pas trop de bosses ou de rivières à passer. Si tu veux savoir si ton gars doit aller en tôle à la Salepétrière tu peux toujours lui en prendre un bout, regarder à la loupe, mettre des gouttes dessus pour voir quelle couleur ça prend ou filer ça à un rat blanc & attendre de savoir s’y claque ou s’il a toujours la pêche. Avec ce genre de choses t’as une bonne idée de combien d’années y va prendre. Ici t’as pas ça, tu causes avec lui & tu comptes les conneries qu’y dit. S’y en a quelques-unes il est normal, s’y en a trop y l’est pas bien, si y’en a pas c’est grave mais tu fermes ta gueule parce qu’y saura prouver que tu te goures. T’y connais rien.
Comme la Lilly elle est passée dans le poste sans faire de boulettes, ça va pas être facile de juger l’arrivée & comme y peuvent pas départager sur photo tout le monde va récupérer sa mise. Ça aura fait du bruit. L’arbitre qui doit dire si Francine a eu raison de sortir les flingues est pas plus avancé & y va dire « zéro partout, balle au centre ». Y’a plus qu’à attendre le coup sifflet final.


Pousse-Bouton chope un carton rouge 30/08/10

Tout le monde veut faire la Une une fois dans sa vie, ou alors tu ouvres ton sac pour faire bien auprès des copains et montrer que t’es dans le secret des chefs. On a déjà eu Bébé, le maître d’hôtel à Lilly, qu’avait mis de côté ce qui se disait dans le bureau fermé de sa patronne, y a aussi Clara qu’a balancé des histoires d’enveloppes et de valises de biftons qu’elle allait chercher quelques jours avant que des chefs de bandes viennent taper le carton chez la vioque. Ce coup-ci c’est des papiers de chez le notaire qui pointent leur nez.
Bin ouais, c’est pas toujours propre chez les notaires parce qu’y en a qu’ont des papiers qui traînent et faut pas que les autre sachent ce qui a écrit dessus. C’est plus du tout drôle le lendemain qu’on t’as foutu en caisse sous le gazon. Y’a plus de surprise.
C’est plus du genre :
— Madame, Monsieur vous avez été conviés ce jour pour régler la succession de feu Madame Lilly...
On aura plutôt :
— Madame, vous avez été conviés ce jour pour... — La ferme le rond de cuir ! Passe-moi les clefs de l’appart, le chéquier et les meubles ! J’ai pas que ça à foutre. Et puis c’est où que j’signe ? Alors tu te magnes ou j’appelle les flics. — S’il vous plaît, je dois vous lire ses dernières volontés, c’est la loi. — On s’en cogne de tes histoires, ton discours tu te le carres où j’pense puisqu’on l’a déjà lu dans le journal d’hier. Alors il est où ton papier que je griffonne dessus et que je me casse.
Je sais pas si vous avez vu mais le notaire y dit plus « Madame, Monsieur », y dit « Madame ». C’est tout. Y’en a plus de Monsieur. La gamine elle est toute seule dans la course et sûre de récupérer le gros lot. Ça change un peu la donne, non ? Ouaip ! Z’avez compris. Francis a été sorti du terrain. Et pas par n’importe qui, pas par un juge où un thérapeute. Non ! Par l’arbitre en chef, Bas-de-Laine elle-même. La Lilly elle a viré Francis de l’équipe pour l’après-match parce qu’y jouait un peu trop perso.
Vous savez ce qui nous attend maintenant ? C’est que Francis attaque Francine parce qu’elle aurait profité de la faiblesse de la tête à Lilly pour que la daronne le raye sur le papier. C’est pas dit qu’y fasse ça, mais y jouent un peu avec leurs règles la bande à Betenlong et on est pas prêt de connaître la fin.

Riri : revers de la médaille 01/09/10

Comme vous avez vu, chacun son tour y passent à la casserole & y font la une des papiers. Ça tient quelques jours, p’têt une semaine & c’est fini. Faut être honnête au début ça passe, après ça lasse. Alors, le ministre a été laissé peinard pendant maintenant presque un mois & comme les gratte-papiers ont pas grand chose à raconter pour vendre leur encre, y fouillent les tiroirs, & ceux des potes ; y sortent le scandale qu’y peuvent. Cette fois-ci c’est Riri qu’a demandé à Nico de filer une médaille à Ricky le Grand. Y z’ont le papier ! Ricky c’est celui qui s’occupe du pognon de la vieille, c’est avec lui que la femme à Riri bossait y’a pas longtemps, & puis Clara aussi elle bossait dans le pognon de la vioque avec Ricky, & elle aussi elle a pris la lourde. Fait pas bon bosser avec Ricky cet été.
Comme Ricky a eu la grosse médaille de France, c’est sûr que ça sent pas bon. Le p’tit problème c’est que les gars y savent pas comment on les donne les médailles. Y savent écrire, mais pas lire ; y’a qu’à voir le nombre de fautes qu’y font. Même moi qui suis pas bon là-dedans... bin y me mettent velu les journaleux.
Revenons-en à la médaille. T’as une catégorie spéciale, c’est le sportif ; ceux qu’ont chopé un pendentif doré lors des jeuz’o y z’ont d’office la version française du tour du cou. Sinon y’a que les chefs qui choisissent ceux qu’ont le droit ; en gros y’a le patron Nico & son équipe, point barre. Comme y connaissent pas tout le monde on leur donne des tuyaux & y choisissent. Et tout le monde peut pistonner un collègue. Si tu veux que Joe en gagne une, c’est simple, t’appelles ton réseau & tu leur fais signer un papier comme quoi y sont d’accord que ton pote y faut lui en filer une. T’envoies le papier au préfet du coin & t’attends. Y vont voir de qui tu causes & s’y vaut vraiment le coup de recevoir un ruban. Si c’est oui, bin il recevra un papier, y faudra qu’il raque pour un paquet de truc, les formulaires, le bout de tissu, la rondelle brillante, le costard & la chemise propre ; & puis il faudra qu’y fasse un fête & qu’y trouve quelqu’un pour lui filer la médaille & le diplôme.
Bref, sauf les sportifs & certains barbouzes, tous ceux qu’ont la dorure & le ruban y se sont fait pistonner, tous. T’as pas le droit de demander, faut qu’un autre le fasse. Alors je vois pas le problème qu’un ministre ait trouvé qu’un gars soit bien & demande qu’il y ait droit. De toute façon, le pauvre Ricky le Grand, il a fait ses études dans des endroits où les gars de la haute apprennent à se faire des potes quoi qu’il arrive. Même si Joe le Baron flingue René Gros Bras, qu’était ton chef, t’as suffisamment de frangins de l’autre côté pour pas y passer toi aussi.
Résumons : Riri y l’a dit à un patron que ce serait bien qu’on fourgue un bout de tissu rouge à Ricky, un an après on dit que pour Ricky c’est good. Faudrait que les canards y nous sortent la liste des pistons qu’y a pour cette foutue rondelle, y aurait plus que les sportifs qui seraient pas des enfoirés de pistonnés. Y ce ferait tous virer & ça serait chouette d’avoir de nouvelles tronches à la télé, non ?

Le Journal De Demain remet une couche 04/09/10

On va la faire rapide parce que ça recommence. Ce matin les gamins se remettent à gueuler dans la rue & y fait beau, alors j’me casse jouer aux boules avec mon équipe.
— Deux nouvelles lettres ! Deux qui plombent Riri ! Lisez-le dans l’édition d’aujourd’hui !
Y m’font marrer ces presse-papiers. J’lavais oublié celui-là, pourtant y l’est connu. C’est le « Journal De Demain », celui qui sait tout à l’avance. Cette fois-ci y font fort. Le canard y dit qu’on a mis la main sur des papiers comme quoi Riri avait vraiment pistonné Ricky : « Deux autres courriers ont été saisis dans le bureau de Ricky Le Grand .»
Ce coup-ci, les journaleux nous montrent qu’y z’ont le carafon pas très rempli. Comment le ministre y peut savoir c’que Ricky a écrit puisque le papier est toujours dans son bureau ? ‘Tain, je sens que je vais vous foutre un bordel de première dans les jours qui viennent ; j’vais niquer Nico & La Reine d’en face. Y’aura plein de courrier dans ma piaule qui lui disent merci pour m’avoir fait pas trop raquer chez les poulets du pognon & que c’est promis, la prochaine fois qu’y monte sur le ring, je mise sur lui. Je lui filerai, à lui & son équipe, une valise de biftons pour qu’y soit sûr de gagner. Sous l’évier les flics y trouveront la même chose, mais qui enfonce Sego La Reine & sa bande. Tout le monde chez le juge j’vous dis. Pain béni pour les vieilles robes noires à perruques blanches & les marchands d’encre, y vont ramasser de la monnaie comme jamais.
Je sens que j’vais finir par faire mieux que le Journal De Demain. Comme Riri est né le 29 janvier, y l’est Verseau. Alors, j’vais vous faire une compil de c’qui disent dans les canards de gonzesses. Vous pourrez feuilleter le Journal du mois prochain ! Je serai encore plus bas-de-plafond qu’eux. Quoi que, j’sais pas si j’y arriverai parce que c’est leur boulot qu’y z’ont appris & moi je l’apprends, enfin j’essaye.

Descente chez Lilly 06/09/10

Bon, c’est pas tout, mais, si le ministre se fait allumer comme une perdrix le jour de l’ouverture, la mère Lilly a encore le droit à un peu d’intérêt chez les journaleux. Faut dire que jusqu’à hier elle était un peu tranquille. Ça flingue sec dans son quartier, mais en dehors de sa gamine, personne ne lui cherche vraiment des noises. La vioque elle est au centre & chacun veut qu’elle penche de son côté. Donc pas touche à la daronne.
Enfin pas touche c’est vite dit parce que là, les képis ont fait une descente chez elle. Et pour une descente s’en ait une. Les juges se sont pas pointés seuls. Y z’ont amené avec eux des bus bleus pleins à craquer, des camionnettes pleines de pousse-boutons & gratte-papiers. Les robes noires ont décidé de faire un tour chez Lilly histoire de se faire une idée sur comment ça vit chez les comptes à plein de zéros. En plus, si y trouvent des choses qui disent que Lilly elle est bien marteau, qu’elle se faisait braquer par Riri & ses petits copains, qu’elle arrosait les chefs de bande ou encore un truc qu’on a caché aux feuilles choux, y seront pas venu pour rien.
En tout cas il paraît qu’y cherchent des petits bouts de papiers. Heureusement qu’y sont venus avec une équipe complète & les remplaçants, parce que faire le ménage chez Lilly avec sa baraque qui fait la nique à celle de Nico, c’est pas du gâteau. À mon avis, s’y sont repartis avant l’apéro c’est que soit y avait rien à trouver, soit y z’ont rien trouvé parce qu’y savait pas où chercher.
Dans l’histoire, si y ‘en a une qu’est pas jouasse c’est bien la vieille Betenlond. Elle était chez des potes quand on lui a filé un coup de bigo pour la prévenir que les poulagas avaient fait un tour dans sa piaule. D’un côté elle était à l’aise comme elle pionçait pas sur place & qu’elle s’était cassée ; d’un autre côté elle a pas l’habitude de recevoir du monde sans qu’y soient invités. Et là, faut avouer que côté invitations, ceux-là on les évite.